Grimpereau des bois (Certhia familiaris)

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Le Grimpereau des bois (Certhia familiaris), aussi appelé Grimpereau familier, est une espèce de passereaux de la famille des Certhiidae. Il est physiquement semblable à d’autres grimpereaux, avec un bec recourbé, les parties supérieures brunes, comportant des motifs plus clairs, les parties inférieures blanchâtres, et une queue constituée de longues plumes raides, qui l’aident à grimper aux troncs d’arbre. Le meilleur moyen de le distinguer du Grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla), avec lequel il partage une grande partie de sa répartition européenne, reste son chant.

Plus d’une vingtaine de sous-espèces ont été nommées pour cette espèce, bien que leur validité soit plus ou moins discutée à l’heure actuelle. Elles sont réparties dans différentes zones de son aire de distribution en Eurasie tempérée. Cet oiseau est plutôt sédentaire, et vit dans toutes sortes de régions boisées, mais là où il partage son habitat avec le Grimpereau des jardins, en Europe occidentale, on le trouve plus facilement dans les forêts de conifères ou à des altitudes plus élevées. Il niche dans les trous d’arbre ou derrière une écorce soulevée, dans les résineux ou les vieux arbres, qui lui fournissent des emplacements pour son nid. La femelle pond généralement cinq ou six œufs blancs, tachetés de rouge, mais les œufs et les poussins sont vulnérables face aux pics et à divers mammifères, dont les écureuils.

Le Grimpereau des bois est insectivore et monte vers le haut des troncs comme une souris, pour chercher les insectes qu’il trouve dans les fissures de l’écorce avec son fin bec incurvé. Il vole alors à la base d’un autre arbre avec un vol erratique caractéristique. Cet oiseau peu sociable est solitaire en dehors de la saison nuptiale, mais peut rester en groupes par les temps les plus froids.

L’espèce n’est pas menacée mais est sensible à la qualité de son habitat, et sert ainsi notamment d’indicateur biologique du morcellement des forêts.

C’est un petit oiseau, mesurant 12,5 cm de long, du bec à la queue, pour une envergure allant de 17,5 à 21 cm et un poids compris entre 7 et 13 g. La queue mesure jusqu’à 6,5 cm. Le bec, d’une taille de 1,1 à 1,4 cm, est long comparativement à la taille de l’oiseau.

D’aspect similaire, tous les grimpereaux sont reconnaissables à leur long bec incurvé vers le bas, adapté à leur mode d’alimentation, et aux longues et rigides rectrices, les plumes de leur queue, leur fournissant un appui lorsqu’ils grimpent aux troncs d’arbre à la recherche d’insectes. Également comme les autres grimpereaux, le Grimpereau des bois ne présente pas de dimorphisme sexuel apparent, mâle et femelle ayant un plumage discret, avec les parties supérieures brunes, striées et tachetées de blanc, de noir et de brun foncé, le croupion roux et les parties inférieures blanchâtres. Lorsqu’il vole, on peut alors voir sa barre alaire fauve clair.

Le sourcil est blanc, large et bien marqué, au-dessus de l’œil à l’iris brun. La queue est brune, nuancée de roux, et plate. Le bec est aussi haut que large à sa base, avec la mandibule supérieure sombre, l’inférieure claire et foncée en son bout. Les pattes sont larges pour pouvoir grimper aux troncs, avec de longs doigts effilés, dont les deux antérieurs sont légèrement soudés à leur base.

Le jeune ressemble aux adultes, mais son bec est plus court et moins courbé, et les parties inférieures sont d’un blanc plus sale. Chez le juvénile, les flancs peuvent également être légèrement striés.

Espèces similaires

Le Grimpereau des bois est souvent confondu avec une espèce très voisine, le Grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla). Il s’en différencie cependant à sa taille plus petite et à son bec plus court. Son sourcil et ses parties inférieures sont également plus blancs. De plus fins détails peuvent aider à les distinguer, comme le doigt postérieur, plus long chez familiaris, ou encore le bout de la mandibule foncé, alors qu’il est aussi clair que le reste chez brachydactyla. Même l’identification visuelle avec l’oiseau dans la main peut rester difficile pour des individus peu caractérisés. C’est donc à la voix que les deux espèces se reconnaissent le mieux, le Grimpereau des jardins ayant un chant aux notes régulièrement espacées, très différent du chant du Grimpereau des bois, constitué de trilles et d’accélérations (voir le paragraphe Chant). Cependant, les deux espèces sont également connues pour s’imiter l’une l’autre.

Le Grimpereau brun (Certhia americana), nord-américain, lui ressemble aussi. Cette espèce n’a elle jamais été enregistrée en Europe, mais un spécimen vagabond, en automne, serait même difficile à identifier, puisqu’il ne chanterait pas et que son appel est presque identique à celui du Grimpereau des bois. Même s’il ressemble physiquement davantage au Grimpereau des jardins, un vagabond resterait méconnaissable avec certitude étant donné les fortes ressemblances entre ces trois espèces.

Régime alimentaire

Il est principalement insectivore, attrapant insectes, cloportes, araignées, larves, chrysalides et œufs. Il peut trouver de quoi se nourrir sur un même territoire en toute saison, sa petite taille limitant ses besoins, et sa méthode de prospection limitant la concurrence. Cet avantage lui permet de rester sédentaire dans certaines aires de sa répartition. Il peut cependant également ajouter quelques graines de conifères à son régime lors des mois plus froids.

Méthode de prospection

Le Grimpereau familier trouve sa nourriture dans les fissures d’écorce des arbres. Il commence à fouiller depuis la base du tronc, puis remonte en décrivant une spirale. Il se sert de sa queue rigide comme appui, et de son bec fin et recourbé pour pénétrer dans les fentes les plus étroites et y dénicher ses proies.

Contrairement aux sittelles, il ne descend pas tête en bas : une fois arrivé au sommet au niveau des premières branches, il vole simplement au bas d’un arbre voisin et se remet à l’œuvre. Il cherche également de temps en temps ses proies sur des murs, au sol ou dans les aiguilles de conifères et autres débris végétaux, et peut également attraper quelques proies en vol.

Selon certaines estimations, ce petit oiseau pourrait visiter 250 à 300 arbres en une seule journée, grimpant donc sur deux à trois kilomètres de troncs et de branches.

Association et concurrence

La femelle inspecte principalement les parties supérieures des troncs, alors que le mâle fouille plutôt sur les parties inférieures. Une étude menée en Finlande a constaté que si un mâle disparaissait, la femelle esseulée se mettra à chercher au bas des troncs, passera moins de temps sur chaque arbre et sa prospection sera plus courte qu’une femelle appariée.

Durant l’hiver, ils se nourrissent parfois en volées mixtes d’alimentation, c’est-à-dire en compagnie d’individus appartenant à d’autres espèces, mais ils ne semblent pas partager les ressources qu’ils trouvent en accompagnant les mésanges ou les Roitelets huppés (Regulus regulus), et tirent simplement bénéfice de la vigilance accrue d’une bande.

Les fourmis rousses partagent le même habitat que le Grimpereau des bois, et se nourrissent également d’invertébrés, sur les troncs d’arbre. Les chercheurs finlandais ont constaté que là où les fourmis avaient prospecté, il y avait moins d’arthropodes, et que les grimpereaux masculins ont passé moins de temps sur les troncs d’épicéas visités par les fourmis.

Le Grimpereau chante au moins de février à juin.

Le cri de contact est très doux, fin et aigu, en ssrrî, mais l’appel le plus distinctif est un tsree profond, parfois répété comme une série de notes. Le chant du mâle commence par srrih, srrih, suivi alternativement de quelques notes gazouillantes, d’une plus longue ondulation en décrescendo, et d’un sifflement, tombant puis remontant, traduit en ti-t-ti-teu-toî-tititirrrrr…tui.

Le chant peut faire penser à celui du Troglodyte mignon (Nannus troglodytes) et aux trilles de la Mésange bleue (Cyanistes caeruleus). Le Grimpereau des bois peut également imiter le Grimpereau des jardins.

Comportement et habitudes de vie

C’est un oiseau discret, au plumage à la coloration cryptique et au cri d’appel calme. Il est facilement remarquable lorsqu’il saute à cloche-pied, grimpant vers le haut d’un tronc vertical, progressant par petits bonds et utilisant sa queue raide et ses pattes aux longs doigts effilés pour se soutenir. Néanmoins, il est peu farouche, et en grande partie indifférent à la présence humaine.

Il a un vol erratique et ondulatoire distinctif, alternant les battements d’ailes semblables à ceux d’un papillon avec des glissades et des chutes. Les individus migrants peuvent voler de jour comme de nuit, mais l’ampleur des déplacements n’est pas mesurable, car brouillée par les populations sédentaires.

Ce sont des oiseaux peu sociables, souvent solitaires en dehors de la période de reproduction. Par temps froid, ils peuvent toutefois se regrouper en dortoirs d’une douzaine d’individus voire plus, se perchant ensemble dans une crevasse abritée, souvent près d’un lieu riche en nourriture.

Reproduction

À la mi-avril, la femelle du Grimpereau des bois construit son nid derrière une écorce détachée, dans une cavité telle un trou dans un arbre, dans la fente d’une souche, ou même dans le trou d’un mur, ou encore dans des nichoirs, notamment dans les bois de conifères. Le nid à deux entrées est constitué de brindilles, d’aiguilles de pin, d’herbe ou d’écorce, et le fond est tapissé de poils et de plumes, de lichen, de mousse ou même de toiles d’araignées. Cet oiseau apprécie tout particulièrement les conifères, mais aussi les vieux arbres, qui présentent davantage de fissures dans l’écorce ou des décollements de celle-ci, ainsi que de plus nombreuses cavités.

En Europe, la femelle pond en mai-juin cinq à huit œufs, généralement cinq ou six, mais au Japon la ponte a plutôt lieu de mai à juillet, ne comprenant que trois à cinq œufs. Ces œufs sont ovales, blancs tachetés de rouge-brun ou de gris, de manière plus dense en allant vers le bout le plus arrondi. Leur taille a pour valeurs extrêmes : 14,0-16,7 mm × 11,0-13,0 mm, pour un poids de 1,2 g, dont 6 % de coquille.

Une fois l’élevage des jeunes terminé, les parents pourront avoir une seconde couvée, généralement en juin, ce comportement ne s’observant que dans 20 % des couples, généralement dans le sud et dans l’ouest de la distribution. Les jeunes sont matures au bout d’un an, et commenceront donc à se reproduire dès l’année suivant leur naissance.

Prédation sur la couvée

Parmi les prédateurs des œufs et des jeunes, on compte des oiseaux tels que le Pic épeiche (Dendrocopos major) ou certains rapaces (Éperviers, Chouettes hulottes), ainsi que des mammifères comme l’Écureuil roux (Sciurus vulgaris) ou de petits mustélidés. Le taux de réussite des couvées n’est pas connu avec précision, mais il se pourrait que seule la moitié des couvées aboutissent à l’envol des jeunes.

Cette prédation est environ trois fois plus forte dans les secteurs morcelés que dans les secteurs boisés compacts : respectivement 12,0 % et 32,4 % des couvées sont importunées par les prédateurs. Le taux de prédation est d’autant plus fort que le nid est installé près d’une lisière de forêt, et augmente avec la présence de terrains agricoles à proximité, dans les deux cas probablement en raison d’une plus grande prédation par les mustélidés, alors plus nombreux.

L’aire de répartition du Grimpereau des bois recoupe celles de plusieurs autres grimpereaux, entraînant immanquablement des problèmes locaux d’identification. En Europe, il partage notamment une grande part de son aire de répartition avec le Grimpereau des jardins.

Le Grimpereau des bois a été décrit la première fois sous son nom scientifique actuel par Carl von Linné dans son Systema Naturae, en 1758. Le nom binominal est dérivé du grec kerthios, un petit oiseau vivant dans les arbres mentionné chez Aristote, et du latin familiaris, signifiant « familier » ou « commun ».

Cette espèce est l’une d’un groupe de grimpereaux très semblables, tous placés dans un seul genre, Certhia.

Plus d’une vingtaine de sous-espèces, peu différenciées, ont été nommées, mais elles ne sont pas toutes reconnues selon les auteurs. À titre d’exemple, sept seulement sont reconnues par l’ITIS, Avibase en reconnaît une dizaine. Elles se distinguent principalement par leur répartition, les différences de coloration ou de taille étant très ténues. Aux endroits où leurs répartitions se recouvrent, les sous-espèces peuvent s’hybrider entre elles. On distingue une cline systématique dans l’apparence des sous-espèces, de l’est à l’ouest de l’Eurasie, les individus devenant de plus en plus gris dessus et blancs dessous mais cette tendance s’inverse à l’est du fleuve Amour.

Trois sous-espèces posent notamment problème : C. f. hodgsoni Brooks, 1871, C. f. mandellii Brooks, 1874 et C. f. khamensis Bianchi, 1903. hodgsoni est en effet considérée comme une espèce à part entière, le Grimpereau de Hodgson (Certhia hodgsoni), par certains auteurs suivant les travaux de Tietze et al. (2006). Des études portant sur la séquence ADN du cytochrome b du génome mitochondrial, ainsi que sur la structure du chant. mandellii et khamensis seraient alors des sous-espèces de C. h. hodgsoni. C. f. hodgsoni vit dans la partie occidentale de l’Himalaya, notamment dans le Cachemire. mandellii vit plutôt dans la partie orientale en Inde, au Népal et khamensis en Chine, au Sichuan.

Les sous-espèces reconnues par le congrès ornithologique international :

  • C. f. familiaris Linnaeus, 1758, la sous-espèce type. Elle vit en Scandinavie et dans l’est de l’Europe, à l’est jusqu’en Sibérie occidentale. Le dessus est plus pâle que pour la sous-espèce macrodactyla, les parties inférieures sont blanches ;
  • C. f. bianchii Hartert, 1905 ;
  • C. f. brittanica Ridgway, 1882 vit en Grande-Bretagne et en Irlande. Les grimpereaux irlandais, légèrement plus foncés que les anglais, ont parfois été classés sous le statut de sous-espèce ;
  • C. f. caucasica Buturlin, 1907 ;
  • C. f. corsa Hartert, 1905, trouvée dans les régions montagneuses de la Corse. Les parties supérieures sont plus chamoisées et les parties inférieures plus contrastées que chez macrodactyla ;
  • C. f. daurica Domaniewski, 1922. Cette sous-espèce se trouve dans l’est de la Sibérie et dans le nord de la Mongolie. Elle est plus pâle et plus grise que la sous-espèce type ;
  • C. f. japonica Hartert, 1897, vit au Japon, comme le sous-entend sa dénomination spécifique. Elle est plus foncée et plus rousse que daurica ;
  • C. f. macrodactyla Brehm, 1831, de protonyme Certhia macrodactyla, vit en Europe de l’Ouest. Le dessus est plus pâle et le dessous plus blanc que chez britannica ;
  • C. f. persica Zarudny & Loudon, 1905. Elle vit en Crimée et en Turquie, à l’est jusqu’au nord de l’Iran. Elle est de couleur plus mate et moins rousse que familiaris ;
  • C. f. tianschanica Hartert, 1905, vit dans le nord-ouest de la Chine et dans les régions adjacentes à l’ex-URSS. Elle est plus pâle et plus rousse que la sous-espèce type.

Chez certains auteurs, on peut également rencontrer d’autres sous-espèces, telles :

  • C. f. orientalis Domaniewski, 1922, vit dans le bassin de l’Amour, au nord est de la Chine et en Corée. Elle est semblable à la sous-espèce type, avec le dessus plus strié ;
  • C. f. pyrenaica Ingram, 1913. Cette sous-espèce a la face supérieure beaucoup plus brune, avec le croupion fauve vif. Elle vit à plus de 1 000 m, dans les Pyrénées ;
  • C. f. albescens, reconnue par l’ITIS, mais considérée par d’autres comme une sous-espèce de C. americana ;
  • C. f. americana, taxon reconnu par l’ITIS mais le plus souvent considéré comme une espèce distincte, le Grimpereau brun (C. americana) ;
  • C. f. costae ou C. f. costa Bailly, 1847, est un ancien taxon, qui n’est plus utilisé. Cette sous-espèce est légèrement plus grande que la sous-espèce type, avec le bec plus long. Les motifs du plumage sont plus dessinés. Elle vit dans les forêts de conifères, aux altitudes de plus de 1 000 m, dans les Alpes ;
  • C. f. gerbei Jouard, 1930, reconnue par l’INPN ;
  • C. f. leucosticta, reconnue par l’ITIS, mais considérée par d’autres comme une sous-espèce de C. americana ;
  • C. f. montana, reconnue par l’ITIS, mais considérée par d’autres comme une sous-espèce de C. americana ;
  • C. f. nigrescens, reconnue par l’ITIS, mais considérée par d’autres comme une sous-espèce de C. americana ;
  • C. f. occidentalis, reconnue par l’ITIS, mais considérée par d’autres comme une sous-espèce de C. americana ;
  • C. f. rhenana Kleinschmidt, 1900, reconnue par l’INPN ;
  • C. f. tianquanensis Li, 1995, a été élevé au rang d’espèce en 2002. Ce taxon est désormais synonyme de Certhia tianquanensis, le Grimpereau du Sichuan ;
  • C. f. zelotes, reconnue par l’ITIS, mais considérée par d’autres comme une sous-espèce de C. americana.
  • Le Grimpereau des bois et l’homme

foto: Mihai Baciu

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